Une hôtesse de l’air nous livre les dessous de son métier

"Il faut savoir qu’aujourd’hui, ce n’est plus comme dans les années 50 où l’on avait 4-5 jours d’escale. Nous avons entre 24 heures et 48 heures de « temps libre » désormais. On essaie donc de s’organiser, d’essayer de voir à l’avance ce qu’on pourrait visiter en un temps réduit."

Vous vous êtes toujours interrogés sur les coulisses d’un voyage en avion ? Le véritable rôle d’une hôtesse de l’air et des membres de l’équipage ?  Nous sommes allés à la rencontre de Caroline*, hôtesse de l’air depuis 5 ans au sein d’une compagnie aérienne du Moyen-Orient, qui nous livre les dessous de son métier, parfois trop souvent catalogué.

Pour préserver son anonymat, le prénom a été modifié et le nom de la compagnie aérienne caché.

Mandaley : Pourquoi avez-vous décidé de devenir hôtesse de l’air ?
Avant de devenir hôtesse, je me suis tout d’abord dirigée vers une carrière de marketing et d’événementiel. J’ai donc fait les études correspondantes, puis j’ai réalisé que la vie derrière un bureau ne me convenait pas. Je préférais bouger, avoir un métier actif. Je me suis donc tournée vers la restauration qui me faisait voyager souvent, à la montagne, en Bretagne. C’est en voyageant assez régulièrement que j’ai songé à devenir hôtesse de l’air. Quand j’étais plus jeune, j’y avais déjà pensé, mais je gardais une image très réductrice du métier. Je pensais qu’il se résumait à servir des cafés et des jus d’orange dans l’avion. En faisant ce métier, j’ai vite réalisé qu’une hôtesse de l’air avait plusieurs casquettes.

Mandaley : Quelle a été votre plus belle destination voyage ? Celui qui vous a particulièrement marqué ?
La destination qui m’a le plus marquée est New-York. Ce n’est pas ma destination préférée, mais c’est celle qui m’a le plus fait vibrer. Après, il y a d’autres pays extraordinaires, comme Singapour, qui a été la destination de mon premier long-courrier. J’avais l’impression d’être sur une autre planète, un peu comme dans « Avatar » !

Mandaley : Justement, vous n’aviez pas un peu peur pour votre premier vol ?
Plus de stress que de peur, je dirais. Il faut savoir aussi que les autres membres de l’équipage n’étaient pas très avenants pour mon premier vol, j’étais un peu toute seule. D’ailleurs, j’ai passé une grande partie de l’escale dans mon coin. Heureusement, par la suite, ça s’est arrangé.

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Mandaley : On peut dire que ça a été le vol le plus compliqué à gérer  ou y en a-t-il eu d’autres ?
Non il y en a eu d’autres ! Surtout au niveau de l’équipage, où je me rendais compte que certains étaient plus paresseux que d’autres. En ce qui concerne les passagers, certains ne disent ni bonjour, ni au revoir. Mais avec le temps, on apprend à les connaître, à savoir d’où ils viennent, à établir un contact… Cela rend le vol plus agréable.

Mandaley : Vous est-il déjà arrivé de vous faire draguer par un passager ?
Je m’occupe de la classe Business. Certains sont là en voyage d’affaires et il n’est pas inhabituel qu’ils me laissent leur carte de visite, ou alors leur numéro de chambre d’hôtel (rires) ! Avec un grand sourire, je leur dis que c’est très agréable de discuter avec eux, mais que ça n’ira pas plus loin. Je mets vite des limites, histoire qu’ils abandonnent rapidement. Cependant, il y a beaucoup de passagers qui se sont mariés avec des membres de l’équipage !

Mandaley : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Le style de vie. Le fait de ne pas avoir des horaires de bureau comme tout le monde, d’avoir un métier à part, assez fascinant, glamour, mais aussi et surtout les voyages. J’ai, en tout, 62 pays à mon actif !

Mandaley : Et avez-vous vraiment le temps de voir tous ces pays ?

Il faut savoir qu’aujourd’hui, ce n’est plus comme dans les années 50 où l’on avait 4-5 jours d’escale. Nous avons entre 24 heures et 48 heures de « temps libre » désormais. On essaie donc de s’organiser, d’essayer de voir à l’avance ce qu’on pourrait visiter en un temps réduit. Les premières années, on prépare nos expéditions avec minutie où alors on loue une voiture et on part à l’aventure entre hôtesses de l’air. Après, il y a deux sortes de profil. Ceux qui explorent, ont la patience de voyager, de découvrir, de tester…Et les autres, plus casaniers, qui sont dans les airs depuis tellement d’années, et qui préfèrent se reposer et reprendre des forces à l’hôtel.

Mandaley : Si vous aviez une chose à changer dans votre métier, ce serait quoi ?
Moins d’heures de vol (rires) ! Les vols de nuits sont les plus fatigants, et j’en fais souvent. Surtout des départs à 2 heures du matin ! Après presque 5 ans de vol, je songe peut-être à faire un break ou alors à passer au sol. J’ai l’avion dans le sang. Mon père était pilote de chasse pour l’armée française, j’ai grandi à Salon-de-Provence où la patrouille de France est basée. J’ai donc, depuis très jeune, baigné dans l’univers aérien. Être hôtesse est un métier très prenant, il faut donc prendre soin de soi, ne pas s’oublier, se ménager…Il m’est déjà arrivée de rester éveillée 48 heures sans dormir !

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Mandaley : Vous n’avez pas de couchettes ou d’endroits où dormir dans l’avion ?
Ca dépend des compagnies. Chacune à ses réglementations. Pour des vols de plus de 9 heures, l’appareil a des compartiments avec des couchettes où l’on peut se reposer et dormir. Notre temps de repos dépend de notre temps de vol. Par exemple, si on a un vol de 12 heures, nous avons le droit à 1 h 30 de pause. Pour un vol de 16 heures, c’est 2 h 30 de pause. Ce qui n’est pas énorme.

Mandaley : Si un problème survient, en informez-vous systématiquement les passagers ?
Non, les passagers sont les derniers à être informés. Nous sommes formés pour faire face à des problèmes techniques. Nous avons un entraînement assez intense de deux mois dès que l’on rejoint la compagnie. Et chaque année, nous sommes obligés de repasser des examens, qui se déroulent sur deux jours. Ces examens nous mettent en situation, dans des conditions réelles, pour que l’on soit préparé au maximum.
Si un problème survient, j’en informe d’abord mes collègues, puis je prends le téléphone et essaie d’appeler le chef de cabine, en lui expliquant ce qu’il se passe. Tout dépend de la gravité de la situation. Si le problème est important, je préviens de suite le capitaine. Si quelque chose se passe dans le cockpit, ils nous en informent par le biais de l’interphone. Nous avons des systèmes d’alertes sonores et visuels qui correspondent à des problèmes différents.

Mandaley : Si oui, quel est le protocole à suivre pour ne pas les affoler ?
Il ne faut jamais mentir aux passagers. Ne jamais supposer, ni dire que tout va bien si ce n’est pas le cas, mais essayer de les calmer et de les rassurer, tout en restant honnête. Si je vois qu’un voyageur panique ou s’affole parce qu’il a peur de l’avion, je vais m’assurer de venir le voir régulièrement afin de le mettre à l’aise, lui parler, le déstresser. C’est aussi cela notre métier ! Nous sommes en première ligne au niveau de la sécurité et de la sûreté, car nous sommes les yeux complémentaires des pilotes, du cockpit. Et ça, les passagers ont tendance à l’oublier et à penser que nous sommes là uniquement pour leur servir à manger et à boire. Il faut savoir tout faire dans ce métier, même soigner des personnes ! Certains prennent l’avion alors qu’ils ne devraient pas voyager en raison de leurs problèmes de santé. Pour l’anecdote, il nous est déjà arrivé d’avoir deux accouchements en plein vol récemment !

Mandaley : Justement, une question que tout le monde se pose. Si le bébé naît dans l’avion, quelle est sa nationalité ?
C’est effectivement une question que de nombreuses personnes se posent ! Si un bébé naît pendant le vol, il prend la nationalité de ses parents, et non pas du pays d’où l’avion est parti, ni de la destination finale. Par contre, j’aimerai préciser que lorsqu’une femme accouche dans un avion, ni elle, ni le nouveau-né ne bénéficent de billets gratuits à vie (rires) !

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