Chloé Trespeuch nous parle du boardercross

"j’ai eu du mal à gérer l’après-médaille des Jeux Olympiques, car je me sentais attendue. Je n’avais plus le droit à l’erreur. J’avais un peu perdu le goût de monter sur mon snowboard car la compétition et le stress de bien faire prenaient le dessus."

Originaire de Vendée, Chloé Trespeuch se passionne pour le snowboard et descend les pistes de Val Thorens avant d’intégrer l’équipe de France de boardercross en 2012. Grâce à un mental de compétitrice et adepte de sensations fortes, elle décroche la médaille de bronze aux JO de Sotchi en 2014 et réalise cinq podiums en Coupe du Monde dont une victoire sur la piste des prochains Jeux Olympiques d’Hiver en Corée. A seulement 23 ans, elle est l’un des plus grands espoirs du snowboard français. Mandaley est allé à sa rencontre.

Mandaley : On vous a découvert le 16 février 2014, lors des Jeux Olympiques de Sotchi en Russie. Qu’est-ce que cela fait-il de remporter sa première médaille olympique à seulement 19 ans ?
Chloé Trespeuch :
J’ai trouvé ça génial. Tout d’abord parce que c’était ma première participation aux Jeux Olympiques. J’y suis allée pour découvrir l’ambiance et l’événement dans un esprit tranquille, tout en gardant en tête de gagner la médaille. Ensuite parce que c’était un parcours qui me convenait, sur lequel j’ai pu m’exprimer et cela m’a fait plaisir de concourir. J’ai trouvé que c’était un véritable moment de partage, surtout quand ma famille est venue me soutenir et me féliciter. J’ai ressenti une immense fierté.

M : Pourquoi avoir choisi le boardercross comme discipline ?
C.T : J’ai un frère qui était déjà en compétition au moment où je m’y intéressais. J’ai vite prit goût à la discipline qui a eu comme un effet booster sur moi. J’ai adoré l’adrénaline, mais surtout le côté stratégique que requiert le boardercross car c’est un sport de compétition où il faut prendre des décisions en temps réel, être réactif.

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M : Justement, votre frère Léo, international de snowboard, vous a inspiré pour le boardercross. Vous donne-t-il régulièrement des conseils ?
C.T :
Lui et toute ma famille m’ont tout le temps accompagné pendant ma carrière. Léo m’a réconforté quand ça n’allait pas, quand j’avais des doutes… En dehors de la performance, il est important d’être soutenu et boosté. C’est lui qui m’a inspiré, qui m’a emmené sur les pistes et qui m’a donné des conseils pour aller au bout de mes efforts et de mes aptitudes. C’est un réel soutient moral indispensable.

M : Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette discipline peu connue à nos lecteurs ?
C.T :
C’est un parcours d’obstacle chronométré sur piste comportant des bosses, des sauts et des virages relevés.  On part à six ensemble, et les trois premières qui arrivent à la ligne d’arrivée, refont un tour. On n’a pas le droit de pousser volontairement, il faut tenir au maximum debout. C’est une discipline qui demande à ne pas avoir peur de la vitesse non plus. Pour moi, ce qui me plaît le plus, c’est tout le côté stratégique de la chose. Ce n’est pas seulement une course de vitesse, mais un véritable sport de réflexion.

M : Avez-vous rencontré des difficultés à vous imposer dans ce milieu ?
C.T :
Je n’ai pas réellement rencontré de vraies difficultés à m’imposer dans ce milieu. Je suis montée assez rapidement sur le circuit Coupe du Monde. Par contre, j’ai eu du mal à gérer l’après-médaille des Jeux Olympiques, car je me sentais attendue. Je n’avais plus le droit à l’erreur. J’avais un peu perdu le goût de monter sur mon snowboard car la compétition et le stress de bien faire prenaient le dessus. J’avais une pression de résultat énorme qui faisait que j’étais moins performante. Cependant, j’ai pu assez vite me remettre sur les rails et profiter comme avant des joies du snowboard sans pour autant me mettre la pression.

M : A quel âge êtes-vous monté sur les pistes ?
C.T : Dès l’âge de deux-trois ans, j’ai commencé le ski à Val Thorens. A l’âge de sept ans, je me suis initiée au snowboard. A huit ans, j’ai connu ma première compétition régionale, puis les championnats de France, les coupes de France et les coupes d’Europe se sont enchaînés.

M : Qu’est-ce que cela procure comme sensation d’être en compétition avec six filles sur les pistes ? Avez-vous une ou des adversaires redoutables ?
C.T :
Il y a une assez bonne ambiance dans l’équipe. Même si c’est un sport individuel, on passe beaucoup de temps entre nous, on se motive ensemble, on se parle, on rigole, on se détend. Nous avons besoin des autres pour évoluer, pour s’aider. Ça nous tire vers le haut en quelque sorte. Par contre, le jour de la course et des compétitions, c’est chacune pour soi ! (Rires)

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M : Comment vous préparez-vous mentalement et physiquement ?
C.T :
Je travaille avec une préparatrice mentale qui nous apprend à gérer nos émotions, notre peur de mal faire ou le trop plein de stress qui nous envahit avant chaque course. Elle nous permet de focaliser notre esprit sur ce qu’on a à faire, pour être mieux concentré le jour de la compétition.
J’ai également un entraîneur qui me fait progresser, me pousse à aller au bout de mes capacités physiques. Je participe aussi à des stages pour être au top de ma forme, afin d’éviter les blessures.

M : Quels sont vos projets pour 2017 ?
C.T :
Je compte participer à 9 coupes du monde. Mon objectif principal est d’obtenir le Globe de cristal, qui est en soi un assez joli titre dans le milieu. Ensuite, participer aux championnats du monde, qui ont lieu tous les deux ans. Cette année, ça se passera en Espagne et je compte bien décrocher la médaille d’Or ! Et puis, pour ne rien vous cacher, je me prépare déjà mentalement pour les Jeux Olympiques de 2018.

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